KHORMA

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Malla Khorma. Non je ne veux pas parler du film de Jilani Saadi, projeté actuellement sur les écrans du « CinemAfricArt ». Non, la khorma à laquelle je me réfère est celle qui nous est proposée/imposée par quelques uns des bloggers en ce moment. « Blogger pour l’islam » ??? Une belle cause. Une cause noble est juste. Par ces temps qui courent, ou la médiocrité intellectuelle a touché le fond, blogger pour l’islam s’impose comme une action digne de la gabegie spirituelle qui nous pond des djihadistes virtuelles et autres.

Cette action a été édifiante à plus d’un titre. Il y a eu ceux qui ont parlé à la première personne du pluriel, trahissant par la même occasion des tendances phagocytaires. « Nous », les gamins ne savent même pas changer leur couche culotte et pourtant ils osent déjà parler en employant le « nous ». Il y a ensuite ceux qui nous ont gratifié avec des textes moralisateurs de « haute facture ». Comme la littérature de ce type est abondante il est toujours plaisant de remettre à goût un florilège de ce qui a été fait dans ce domaine. Ne dit-on pas que le retour à la source est une vertu ? Et enfin il y a eu ceux qui ont suivi le mouvement (bagrallah fi zar3allah) conformément au principe de « Onsor a7aka ghaliban aw maghlouban ».

Que retenir de tout cela. Que la blogosphère tunisienne est un microcosme à l’image du pays auquel elle appartient et que le pays est lui-même à l’image au monde duquel il fait partie. C'est-à-dire foncièrement et outrageusement communautariste. Il y a toujours ce besoin de s’identifier et surtout de se situer par rapport à l’autre. C’est ainsi qu’après les successives opérations de criblage pour savoir qui est rcdiste et qui est opposant, qui est hétero et qui est homo, qui est laïque et qui ne l’est pas, qui est pro Magreb et qui s’en fout éperdument, qui est judeophile et qui est bushophobe… voila qu’on nous « propose » maintenant de décliner nos convictions religieuses.

L’action de ce 15 juin nous a permis de faire la distinction entre celui qui est musulman et celui qui ne l’est pas, en d’autres termes les mécréants. Maintenant que le résultat est là et que les « égarés » ont été repérés que va-t-on faire ? Va-t-on les inviter à réintégrer le droit chemin ? Va-t-on les bannir ? Va-t-on les excommunier ?...

Aux initiateurs de cette louable action je voudrais les inviter à méditer (bien évidement dans la limite permise par leurs facultés intellectuelles) les versets suivants, qui sait peut être que ça les aidera à comprendre un peu mieux le mot "Tolérance" :



قُلْ يَا أَيُّهَا الْكَافِرُونَ

لاَ أَعْبُدُ مَا تَعْبُدُون
َ وَلاَ أَنتُمْ عَابِدُونَ مَا أَعْبُد
ُ وَلاَ أَنَا عَابِدٌ مَّا عَبَدتُّم
ْ وَلاَ أَنتُمْ عَابِدُونَ مَا أَعْبُد
ُ لَكُمْ دِينُكُمْ وَلِيَ دِينِ

Tous des couillons

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Enfin, les medias tunisiens osent parler de Redeyef. Il y a de quoi se réjouir car il été temps. Mais voila « les vents ne soufflent jamais dans le sens désiré des barques ». C’est ainsi qu’au lien de crever l’abcès, on nous gratifie avec des articles pleins de sophisme et de discours contorsionnés pour faire l’apologie du recours aux balles réelles pour « paralyser » les « éléments perturbateurs ». Rien qu’aujourd’hui, Raouf Khalsi, journaliste sportif de chez « Le Temps » a réquisitionner l’espace de l’éditorial du journal pour pondre un article ou plutôt une immondice. C’est ainsi qu’il a vu derrière les événements qui secouent la région du bassin minier et de ses conséquences dramatiques les « forces tentaculaires de l’embrigadement, de la récupération, de l’instrumentalisation évidement religieuse (qui) sont prêts à bondir sur ces âmes égarées »… Donc selon lui, le spectre religieux est omniprésent. Qui dit religieux dit implicitement terroriste et avec les terroristes il n’y a qu’un seul discours à tenir : celui des armes… La messe et dite.

La fuite vers l'avant

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Apres le flou politique, c'est-à-dire l’art de gérer les affaires publiques dans un cadre d’opacité absolue, le pouvoir s’essaye à un nouveau style de gouvernement : le surréalisme politique. C’est une façon de gouverner en l’absence de tout contrôle exercé par la raison des affaires de la plèbe. Une gestion qui repose sur le refus de toutes démarches rationnelles et qui fait prévaloir l’absurde et l’inconscience comme seuls et uniques sources de prise de décision.

C’est ainsi par exemple que les manifestations de protestation sont savamment transformées en des manifestations de soutien et d’appel à la reconduction. C’est ainsi aussi que les bévues policières sont présentées comme une opération suicide ou un droit de l’Etat à riposter aux éléments perturbateurs qui cherchent à nuire aux intérêts de la communauté. On n’est plus dans une phase ou les tunisiens sont considérés comme des mineurs. Non.
On procédant ainsi, les potentats de ce pays nous signifient clairement qu’ils nous prennent carrément pour des trisomiques vingt et un. Tous sans exception.

Chaque Etat et chaque gouvernement, quelle que soit sa nature, est appelé à faire face à des crises. Et dans ce genre de situation on ne force pas la main de l’Etat pour négocier. Ceci est un principe universel. Mais, il existe un autre principe non moins universel : on ne tire pas sur les gens avec des balles réelles non plus. On ne résout pas les problèmes par l’élimination corporelle de « l’adversaire ».

Il n’y a pire d’aveugle que celui qui ne veut pas voire dit judicieusement le dicton et dans la crise que traverse le bassin minier tunisien, il est évident que les autorités ont tout fait pour ne pas jeter un regard, même furtif, sur le marasme général et collectif que vivent les habitants de la région. Elles se complaisent dans les bureaux feutrés en se disant que demain ces cons finiront par se lasser et regagneront leurs foyers. Sauf qu’à force de regarder vers le ciel nos potentats ont fini par se déconnecter définitivement de la réalité. Le résultat de cette politique de l’autruche a été dramatique. Débordés et dépassés par les événements, nos responsables ont opté pour l’irréparable. Sans sommation.

Insolance jusqu'au bout

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Il y a des hommes, des destins, des expériences, des photos… qui marquent les esprits pour la vie, pour l’éternité. On peut gloser infiniment sur les raisons qui font que telle ou telle chose ou telle ou telle personne puisse exercer un charisme ou impact aussi fort sur les gens et leur mémoire. Mais, une chose est sure, parfois l’impact est indélébile.

Qui de nous ne se rappelle pas des événements de Tienenmen et de la fameuse photo montrant un étudiant défier par son simple corps toute une colonne de chars. Au delà du caractère impressionnant de la scène c’est la volonté, l’audace et la « folie » de l’étudiant qui a le plus stupéfié. Une folie libératrice et suicidaire à la fois. Une folie qui aurait pu créer l’événement en provoquant justement le « printemps » chinois tant souhaité. Malheureusement, une seule hirondelle ne peut pas faire à elle toute seule la plus belles des saisons.

Toujours dans le même registre, mais dans un contexte totalement différent, dernièrement je suis tombé sur la photo suivante :



Aussi bien dans le premier cas comme le dans le deuxième, je suis resté stupéfié par la force de l’insolence des deux protagonistes. Une insolence qui montre que la « Peur » n’est pas uniquement dans le camp des opprimés mais qu’elle est aussi dans le camp de oppresseurs ou ceux qui servent ces derniers.