Jugurtha ou Coeur de lion

La semaine dernière plusieurs bloggueurs tunisiens ont manifesté d’une manière ou d’une autre leur hommage au grand lider tunisien Habib Bourguiba. Les journaux et autres revues et magazines ont fait de même. Au cour de la même semaine j’ai suivi fortuitement mais avec un grand intérêt un long documentaire (en six parties) diffusé par la chaîne Al Arabiya. La partie diffusée le lundi dernier il me semble, s’est focalisée sur une période assez significative, très délicate et très sensible de l’histoire contemporaine tunisienne je pense. Ce sont les incidents de décembre 1983-janvier 1984 qui furent analysés. Cela a éveillé en moi des souvenirs douloureux. Même si je n’étais qu’un petit adolescent à cette époque là, je me rappelle très bien de cette période qui m’a marqué à vie puisque j’y ai perdu un de mes amis d’enfance qui n’avait que 14 ans et qui par bêtise s’est éteint sous les balles des forces de l’ordre. Je me rappelle très bien de la rage et de l’hystérie qui se lisaient facilement dans le visage des gens qui étaient dehors et qui manifestaient leur mécontentement. Pendant toute la journée, les gens se rassemblaient dans « le centre ville » du Kram et guettaient les mouvements des forces de l’ordre qui tant qu’ils étaient peu n’osaient jamais s’aventurer et s’approcher des mutins. Mais une fois les renforts arrivés sur place la situation devenait semblable presque à un jeu du chat et de la souris. Si les adultes se pressaient pour se réfugier, nous les « gosses » nous continuions à narguer les Bop, ninjas et autres brigades spéciales. Jamais au grand jamais nous pensâmes que les forces de l’ordre allaient tirer pour de vrai jusqu’au moment ou nous vîmes l’un de nos camarades tomber inerte par terre et d’autres (trois au juste qui sont encore en vie en ce moment et dont l’un deux est devenu membre de la garde nationale !!!) se faire blessés sérieusement.

Je raconte tout cela pour dire qu’il est peut être indiscutable que Bourguiba ait été un grand politicien, un grand chef d’état, un grand visionnaire… mais qu’il a été aussi un grand dictateur, illuminé ou pas ça ne change pas grande chose. Manipulé ou pas, Bourguiba a donné l’ordre pour que l’on arrête les émeutes par tous les moyens. Ces instructions ont été peut être mal interprétées mais il n’empêche qu’il y a eu des morts et cela dans le jargon juridique s’appelle un crime. Les gens ont parle d’un « jeudi noir » et je ne pense pas que l’expression soit exagérée. Cet épisode (et celui qui l’a précède d’ailleurs, janvier 1978) restera à jamais comme une tache noir dans l’histoire de la Tunisie bien que les gens ont tendance à l’oublier. Je n’invite pas à ce que l’on fasse le procès de Bourguiba mais il m’a semblé faire preuve de naïveté évoquer le souvenir de Bourguiba sans se référer aux erreurs graves qu’il a commises. Ceci dit, Bourguiba restera l’un des rares politiciens à avoir un charisme capable de renverser des situations insoutenables. Il a suffit à ce dernier un bref discours où, malgré ses 80 ans et son état de santé plus que fébrile, pour montrer toute a verve et surtout sa capacité de retourner la situation en sa faveur. J’ai toujours la cher de poule en me rappelant les milliers de gens et l’immense foule qui a paradé le long de l’avenue principale qui mène de la Goulette jusqu’au palais de Carthage pour acclamer le père de la nation et lui manifester son amour. Je ne crois pas avoir revécu une expérience pareille. C’était un moment unique. Un épisode qui semblait suspendu dans l’histoire.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a eu des morts dans chaque village en 84 , un cousin éloigné à lui aussi succombé a ses blessures . Mais que les forces de l'ordres tirent en 78 ou en 84, c'est normale, puisque nous comptons autant que des mouches . S'ils avaient eu des gaz chimiques, ils les auraient certainement utilisés ces cons là . Vu que l'on ne compte pas , on est des vauriens a leurs yeux . Il a fallut que ce connard que beaucoup adule se rende compte du danger pour qu'il fasse marche arrière et qu'il revienne au prix d'avant les émeutes . Il a chier dans son froc, il savait qu'il allait perdre et risquait gros, les gens étaient déterminés . C'est pour cela que le pouvoir actuel subventionne certaines denrées et certains produits comme les bouteille de gaz et le carburant . Il sait que le tunisien ne réagit que l'orsque l'on touche a son portefeuille . Sinon pour le reste tu peux cogner, tu peux insulter, il ne bougera pas akhta rassi ou adhrab .

Anonyme a dit…

Certes si on était sous un régime islamiste, ou nationaliste nous aurons dû être les plus retardés du monde arabe et africain, mais grâce à la clarté de l'esprit bourguibien, la Tunisie a progressé et elle progresse malgré les lacunes et les maladresses parfois. Si Lahbib demeure le seul homme politique tiers-mondiste et arabe propre et non-avariés. Alors à tous ceux qui veulent une Tunisie noire et voilée veuillez m'excuser nous restons laïcs et modernes et musulmans en même temps. Que les prêcheurs de la haine se taisent.
Vivre la Tunisie

Hamadi a dit…

J'avais moins de 10 ans en 1984, je me souviens bien du début des émeutes je rentrais de l'école : mon pére me tenait de la main et teniat ma soeur sur son bras lorsque nous arrivons à Rue de la hollande (il n'y avait pas encore le métro) j'ai vu plein de gens par terre et les gens couraient et un son assourdissant des balles de partout c'est un garde national qui a compris qu'on était en danger qui nous a sauvé la vie en nous protégeant et accompageant jusqu'à chez nous, c'est la premiére fois où je vois des personnes qui meurent devant moi.

Sur un autre volet, quelques soient les appréciations des uns et des autres sur l'homme et les époques, je pense que nous devons relativiser tout: Bourguiba est un homme, il peut tomber dans des erreurs mais il ne peut pas faire des miracles.

Conceranant le commenaire de passage "C'est pour cela que le pouvoir actuel subventionne certaines denrées et certains produits comme les bouteille de gaz et le carburant." La subvention des produits de bases est l'oeure du Feu Hédi Nouira dans le paquet des mesures connu sous le nom de la loi 72=> c'était l'air Bourguiba.

Peut être nous n'avons pas la même vision mais je pense que c'est l'une des erreurs de bourguiba et qu'il est tant d'éliminer cette Caisse Générale de Compensation.
Cette CGN nous coute un aéroport par an.

Hamadi a dit…

désolé j'ai volu dire l'ére bourguiba et non l'air :P