Pour ne pas perdre le nord


Il est parfois difficile de comprendre la personnalité complexe du tunisien. Cette complexité se transpose sur toute activité que ce dernier entreprend à tel point qu’il devient difficile pour un non tunisien de comprendre ou d’analyser pourquoi le tunisien réagit souvent différemment de la manière dont il est sensé le faire.

Lorsque cette complexité se propage au domaine politique alors là ça devient un vrai mystère. Je vais illustrer mon propos par l’anecdote suivante : jusqu’à il y a très peu d’années tout le monde avait une idée précise sur l’identité et le rôle de Abderrahman Tlili dans la sphère politique locale. Depuis ses démêlés avec la justice ce dernier passe le plus clair de ses journées dans une cellule j’imagine conforme à son statut. Soudain Tlili s’est découvert une dignité, une sorte de patriotisme alors il a décidé d’entamer une grève de la faim pour revendique sa libération. Jusqu'à la tout est normal. Mais lorsque son cas devient une cause nationale la situation gagne en confusion et on ne sait plus à quel saint se vouer.

Le drôle dans tout cela, ou plutôt le tragique devrais-je dire, c’est que les forces politiques qui se réclament de l’opposition authentique se sont senti obligé de nous présenter Abderrahmane Tlili comme un opposant, un héros qui subit les affres du pouvoir carcéral. C’est ainsi que journaux et sites d’opposition nous bombardent régulièrement avec des infos sur l’état de santé de l’ex secrétaire général de l’UDU et des dernières nouvelles de sa lutte « patriotique » …

Pourquoi ces derniers ont-ils senti soudain le besoin de donner un écho à l’affaire de Tlili et d’en faire la ligne éditoriale de leur campagne médiatique? Mystère. Tlili a été pendant des longues années la cible des critiques et quolibets de tous les politiciens et autres personnalités qui se réclament de l’opposition sincères. Aujourd’hui, par magie j’ai envie de dire, Tlili recouvre une virginité politique que je soupçonne qu’il n’a jamais eu dans le passé. La prison fait des miracles dit-on et là on est devant un exemple édifiant de ce genre de miracle, bien tunisien il faudra préciser.

Voila un politicien qui a été toujours considéré comme un paria devenir de jour au lendemain le porte drapeau de la résistance politique… Un thuriféraire devenir presque l’emblème d’une opposition de plus en plus désorientée et de moins en moins inspirée. L’opposition tunisienne qui est devenu mure devrait savoir que lorsque les loups s’entretuent il vaudrait mieux ne pas se mêler de leurs bagarres car on risque d’y laisser des plumes si ce n’est tout son plumage.

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