C'est la folie insulaire qui a déclenché la contagion. Ces premieres proies ont été : La parisienne, puis Khannouff, aprés Mani, puis Sidi Ali et enfin La Maure. Cette dernière m'a filé le virus et c'est à mon tour d'annoncer la prochaine victime. And the "winner" is : Jolanare.
Désolé de te mettre au peid du mur sister mais tes narrations me manquent.
SALOPERIE DE CLOPS, ACTE VII
Ce n’était qu’une aventure motivée par un coup de tête. La première qu’elle a osé se permettre et la dernière qu’elle commettra sans doute dans toute sa vie. C’était un besoin impérieux de se prouver qu’elle existe et d’affirmer son soi. Un poing d’honneur levé contre la soumission, le silence et la résignation. Ça ne devait être qu’une parenthèse sans lendemain ni fausses illusions. Une riposte aux humiliations qu’elle a du subir pendant 12 longues années de vie « conjugale » durant lesquelles la séparation des corps, jamais prononcée, était un fait consommé. Elle pensait avoir eu sa revanche. Une revanche sur la vie plus que sur les hommes. Ses hommes. Elle avait une conviction intime partagée avec son époux que ce qui se passa lors de cette fameuse nuit n’était qu’un incident faisant partie du passé, une affaire close et reléguée aux oubliettes. L’histoire devait s’arrêter à ce point. Mais, c’était compter sans les aléas de la providence. Là où elle devait se terminer, l’affaire n’a fait que commencer.
Les jours passèrent et les semaines aussi. Le contentement, les liesses de la vengeance et les délectations secrètes s’évaporèrent pour laisser place à un sentiment de trouble inhabituel. Ce n’était pas la fatigue qui lui donnait ces maux de tête ni les insomnies qui lui causaient ces malaises bizarres mais une sensation nouvelle à laquelle elle n’osait pas songer une seconde. Son corps lui renvoyait des signaux perturbateurs. Elle ressentait des envies de vomir. Elle avait l’impression que des transformations physiques et émotionnelles traversaient son corps, ce corps qu’elle a, pourtant, apprit à ignorer et à mépriser depuis qu’il est devenu la tombe de ses secrets, de ses blessures et de son chagrin. Elle ne savait pas comment expliquer ni situer l’origine de ce bouleversement physique qui la saisissait. Sans motif clair, ni raison apparente, elle ne pouvait s’empêchait d’avoir des larmes aux yeux et de se sentir débordée par des émotions confuses qu’elle n’arrivait plus à contrôler ni à identifier.
Les symptômes étaient révélateurs et pourtant elle ne s’en rendait même pas compte ou ne voulait pas y croire. Comment pouvait-elle songer une seule seconde que dans ses entrailles germaient les semences d’une escapade furtive et éphémère ? Comment pouvait-elle deviner un instant que dans sa matrice bourgeonnait le fruit d’une aventure absurde ? Comment pouvait-elle pensait un seul moment à cette éventualité elle qui, depuis des lustres, a renoncé à la maternité comme on renonce à la vie. Il y avait longtemps de cela, son gynécologue de mari était catégorique. Après une série interminable d’examens et d’analyses, il lui avait juré et assuré qu’elle ne pourrait jamais avoir une descendance et lui avait certifié qu’elle était plus inféconde qu’une octogénaire.
Et pourtant elle n’arrêtait pas de se demander d’où provenaient ces étranges sensations. Les crises de nausée ne la lâchaient plus et la rendaient d’une irritabilité excessive. Les odeurs la rebutaient. Elle ne supportait plus aucune odeur et encore moins celle de son « mari ».
Plus de trois mois passèrent sans qu’elle n’ait eut ses menstruations. Au début, elle ne s’était pas alertée outre mesure. Mais le retard est devenu considérable. Elle commença à s’inquiéter. Elle a beau scruté ses serviettes hygiéniques mais il n’y avait rien. Absolument rien. Pas une goutte de sang, pas de tache rouge. Dans son immense solitude, elle imagina le pire. Elle se persuada que le châtiment divin a eu raison d’elle. Elle hésita, tergiversa puis se résolut à en référer à son mari.
Allongée sur la table gynécologique, les pieds écartés et adossés sur le porte-jambes, elle regardait médusée son mari affairé. Il régnait un silence lourd, chargé de tension. Le mari voulait parler, dire quelque chose, mais les mots ne sortaient pas de sa bouche. En son for intérieur, il a compris qu’il ne pouvait plus avancer avec le mensonge. Un mensonge qu’il traîne depuis plus d’une décennie et qui l’avait poussé à compenser son infirmité en se noyant dans un monde d’excès.
A cette époque, quand il a su qu’il était atteint d’asthénospermie, il fut fortement touché. Très affecté au point de se trouver proie facile de sa propre couardise. Il ne voulait ni admettre ni faire face à ce drame masculin. Il voulait défendre sa « virilité » par tout les moyens fusse au dépend de son ménage. Il aimait sa femme et il l’aime encore. L’idée de lui faire du mal ne lui a jamais effleuré la pensée. Mais ce jour là son ego était plus fort que lui. Ce même ego l’a poussé à l’erreur et depuis il s’est trouvé entrainé dans une spirale de mensonges et d’hypocrisie.
Maintenant dans son cabinet, en tete à tete avec sa femme, il voulut s’expliquer. Mais, il se rendit compte que s’expliquer ne servait à rien. Il a comprit que dans cette situation les mots ne pouvaient plus avoir de sens et que la fuite vers l’avant n’a plus raison d’être. Il regarda sa femme dans les yeux et, contenant difficilement son émotion, lui annonça:
- Chérie, toute mes félicitations. Tu es… enceinte !
- Enceinte ? Moi ? mais de quoi tu parles ?...
- …
Incrédule, assommée, interrogative, elle scrutait l’expression du visage de son mari, cherchait son regard, le dévisageait. Une avalanche de questions se bousculèrent dans sa tête, mais elle n’arrivait à formuler aucune. Quelques moments plus tard elle avait tout comprit. Elle n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin. Au début, elle trouvât son mari mesquin, petit, minable. Mais peu après et sans savoir pour quelle raison, elle sentit de la peine envers lui, de la compassion et une immense volonté de pardon.
Puis elle se rappela de la grossesse. Elle fixa encore une fois les yeux de son mari, cherchant à deviner ce qui se tramait dans son intérieur. Elle sut qu’il savait ce qu’elle savait. Lui, il sut qu’elle a su ce qu’il a toujours cherché à taire. Il y eu comme un accord tacite pour que personne n’essaye de donner de plus amples explications ou de justifications. Ils étaient tous les deux majeurs et consentants.
Cherchant à rompre le silence qui s’installât de nouveau il annonça :
- Nous le garderons. Il sera notre bébé à nous deux.
Il savait pertinemment que le futur bébé n’était pas de son œuvre et pourtant il avait une certitude qu’il l’aimerait comme si c’était le sien. Sa décision il ne l’avait pas prise par repentance ou pour se faire pardonner. Ses propos il ne les avait pas exprimés pour s’absoudre des maux et des souffrances qu’il avait infligées à sa femme. Non. Il y avait une sincérité jamais sentit dans son attitude. Une certitude jamais expérimentée. Une clairvoyance jamais vécue auparavant. Ce jour là il était sûr d’une seule chose : il veut mettre fin à ses errances. Il veut reconquérir sa femme et reconquérir son amour. Le bébé venait à point nommé.