Je m’ennui à mort dans mon boulot depuis que j’ai eu une altercation purement professionnelle mais assez violente avec mon PGD. Comme punition, on m’a condamné à passer le reste de mon existence professionnelle au frigo. J’ai du abandonner le fastueux bureau, avec salon et vue panoramique sur le grand Tunis. On m’a caser dans une pièce qui fait à peine deux mètres sur trois ou il n’y a qu’une table minable et une chaise en bois comme celles qu’on trouve souvent dans les cafés des quartiers populaires. Pas d’ordinateur, pas d’internet, pas de téléphone. Pas de chauffage, pas de climatiseur non plus. Même pas une lampe pour éclairer ce tombeau. J’ai droit tout juste à mes journaux pour m’entretenir.
Cette situation m’a affreusement affecté au début. J’ai fait des mains et des pieds, comme on dit chez nous, pour récupérer mon monde. Rien. Ni mes connaissances ni mes amis n’ont pu me trouver une solution pour me faire sortir de ce pétrin. J’ai du me résigner en fin de compte. Mais je me suis dit qu’il fallait que je trouve un moyen pour remplir le temps que je passe au « bureau ».
De la personne importante et vouée à un destin réussi que j’étais, je suis devenu, je ne sais par quelle alchimie, magie, mauvais sort, malheur… un zombie qui rode dans les couloirs de mon administration à la recherche de la dernière blague salace, la dernière indiscrétion sur les collègues… enfin les trucs de tous les jours qui se passent dans une administration tunisienne.
Et puis un jour je me suis découvert un pouvoir démoniaque. Une chose que je n’ai jamais éprouvé auparavant. Une capacité de renverser et de bouleverser les habitudes et le comportement d’une personne.
Cela est arrivé un jour ou je devais faire des photocopies de trucs scolaires pour mon fils. Je me suis dirigé vers la salle ou se trouve la photocopieuse et là je suis tombé sur une fille, une collègue, la trentaine passé, célibataire, timide et introvertie comme tout, qui travaille dans l’archive de la boite ou je « bosse ». Elle était en train de faire des photocopies elle aussi. Je la salue poliment et j’attends mon tour. A un certain moment je me rends compte qu’elle en avait pour un bon bout de temps. Alors, je me suis dit qu’il valait mieux que je revienne un peu plus tard. C’est à ce moment précis que par je ne sais quelle malignité j’ai changé complètement d’idée. Je ne sais quelle mouche m’a piqué ou plutôt quel démon m’a chuchoté à l’oreille d’abuser de la fille, pas sexuellement rassurez vous.
J’ai décidé de faire semblant que je draguais la fille. J’ai commencé à lui lancer des compliments. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Au début elle me disait d’arrêter et puis lorsqu’elle m’a demandé si j’étais sincère j’ai su qu’elle a mordu à l’hameçon. J’étais tellement excellent dans la performance de mon rôle que je me suis surpris moi-même. Je ne savais pas que j’étais capable de débiter autant de déclarations aussi sulfureuses, d’arriver à convaincre que j’étais sincère alors que je mentais comme je respirais.
Je me suis découvert un pouvoir insoupçonné. J’étais capable de jouer des sentiments de cette pauvre fille comme je le voulais. Je la voyais changé de couleurs comme une couleuvre sous l’effet de mon mielleux discours.
L’histoire aurait pu s’arrêter là si elle n’avait pas pris toute une autre tournure. En effet, le lendemain matin la fille en question s’est présentée au boulot maquillée, bien coiffée, tirée à quatre épingles. Moi qui croyais que la plaisanterie était finie, je n’en croyais pas mes yeux devant ce spectacle délirant. La fille a subi un changement de fond en comble. Elle était presque méconnaissable mais encore plus plouc. C’est une aubaine qui m’est tombée du ciel. Il y avait là de quoi rigoler pendant de langues semaines et c’est ce qui s’est passé. Je suis devenu un artiste en matière de mensonges. Je racontais des bobards et je construisais des châteaux en Espagne et la nana gobait tout ce que je lui disais. Je ne vous dis pas les trucs que j’ai fait faire à cette nana et ce qu’on a pu rigoler avec les collègues et les amis.
Et puis un jour je me suis lassé de ce jeu. J’ai décidé de tout arrêter mais je n’avais eu aucun scrupule pour le dire à l’intéressée. Je l’ai snobé, je l’ai évité et je l’ai complètement ignorée du jour au lendemain. La pauvre fille, ne comprenant pas ce que lui était en train d’arriver, fut violemment désarçonnée. Elle a chancelé, chaviré avant de sombrer dans une dépression nerveuse aigue. Aujourd’hui elle est en congé longue maladie. Et moi dans tout cela? Et bien je suis à la recherche d’une autre victime.
Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Libellés : FictionPublié par Takkou à 19:01
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10 commentaires:
les forces inconnues peuvent être etonnantes....
borjoulia ? ta77an ...
...je n'en dis pas plus, mais je n'en pense pas moins...
On ne joue pas avec la dépendance affective, cela peut conduire au drame . Je ne sais pas si l'action est menée inconsciemment dans le but de se venger de situation passé ou l'on aurait pu être soi même victime de cette dépendance affective qui n'est souvent pas partagée par la personne dont on s'eprend . A moins que cela ne soit fait dans le but de se venger de tous ses collègues de travail en se focalisant sur l'une de ses personnes . Peut-être que le pdg de cette administration est une femme ? Il se peut que dans cette acte, il y ai un peu de ces trois hypothèses . J'ai du mal à croire à la méchanceté purement gratuite pour ce cas . On ne cible pas une personne au hasard sans avoir envie de se venger de ce qu'elle peut représenter par rapport à sa situation . En étant remisé au frigo ou au placard, on a tendance à cogiter et le résultat n'est pas forcément bénéfique . Dommage qu'une victime innocente en paye le prix . Peut-on lui reprocher de s'être trouvée à la phocopie au mauvais moment, isolée du reste de ses collègues et par conséquent livrée aux mauvaises intentions d'une victime se transformant en bourreau ?
Je pense que c toi qui devrais etre en congé maladie. Tu es vraiment malade...
que ne ferait on pour etre devant ala photocopieuse, ou a la pause café
dragué pourquoi pas, fallait y penser, mais il faut etre un rapide et la concurrente de devant avec un gros tas dephotocopies a faire
elle se vengera plus tard quand un nouveau sera devant elle a la photocopieuse
a bientot
Dis moi qui tu apprecies je te dirai qui tu es...Voilà rien d'autre à rajouter.
@ Mr. Bien, je ne vois vraiment pas ou tu veux en venir avec ce dicton. Je trouve etonnant que tu laisses un com sur un post que j'ai ecrit il y a de cela plus de deux semaines et en plus j'ai precisé que ce n'etait qu'une mauvaise plaisanterie de ma part. J'aimerais bien te voir aller au fond de ta pensée pour dire tout haut ce que tu penses tout bas. Peut etre que les choses seront moins ambigues. En cas de silence de ta part je comprendrais que ce n'etait qu'un com idiot et cela me surprend de ta part car je t'ai trouvé jusqu'à là un type assez sensé et sensible comme tu dis.
je ne sais pas pourquoi tout le monde n'en pense pas moins (...) lorsque j('ai lu "fiction" je me suis dit bon , c'est l'écrivain qui fictionne, par contre si ce n'est pas une fiction je ne vais pas me géner pour dire que cette attitude est lamentable et témoigne d'une personalité tortueuse et manipulatrice , insensible et cruelle , ce qu'aurait pu nous mettre sur la voie le fait qu'avant sa mésavrenture ce monsieur était bien parti dans les arcanes du pouvoir ce qui pour moi est révélateur , cette mésaventure aurait pu lui faire comprendre quelque chose sur la vie , au lieu de cela il arpente les couloir à la recherche de la dernière médisance entre collègues et finallement pousse la cruauté ou l'on sait pour finir par en rigoler avec ses collègues , pas u n moment le remord ne" lui est venu , à ce cynisme il était fatal que la mésaventure du plard lui arrivat , sinistre personage
putin t'ecrit super bien j'ai adoré frachement chapeau mais la pauvre fille ha ha ha c cruelle quoi que elle la bien chercher elle n'avait que a ne pas etre moche et conne lol kiss
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