Quelqu’un se rappelle-t-il de cette photo ? C’est l’une des premières photos qu’on nous a montré lorsque le monde a découvert que quelque part il existe un pays qui s’appelle l’Afghanistan et qu’il y a un peuple qui s’appelle les afghans. Observez longtemps et lentement ce regard. Vous y verrez toute la détermination de vivre malgré la misère, la pauvreté et les carences. Regardez bien ces yeux et vous verrez toute la dignité, la grandeur et la fierté d’être. A ce pays, à ce peuple on a voulu nous faire croire qu’on leur apportera la liberté, la démocratie, la civilisation… Au lieu de tout cela on leur a apporté la destruction, la barbarie et le chaos. L’Afghanistan, civilisation plusieurs fois millénaires, est la victime d’une conspiration internationale. On l’a jette en pâture pour les barbus illuminés avant de le convertir en champs d’expérimentation pour le « Nouvel (dés)Ordre Mondial ». Cette fille qui a peut être cru comme la majorité d’entre nous au mensonge aurait sûrement perdu tout l’éclat qui faisait que dans son regard il y avait quelque chose d’unique et de singulier. Je ne sais pas quel regard elle aura aujourd’hui après que son pays et son peuple ont connu toutes les fatalités possibles. Je suis sûr, cependant, d’une chose : son regard n’aura plus la même profondeur, la même lucidité. Ce regard ne sera plus si perçant. Il aurait été fané par la tristesse, par le mensonge et par la lâcheté et la trahison du monde entier qui regarde stoïquement tel un téléspectateur les malheurs de ce peuple, préférant se louver dans son faux confort et son égoïsme.
Ne nous cachons pas les yeux.
Libellés : Société 4 commentairesIl ne se passe un mois sans que les journaux ne rapportent au moins une fois des histoires sur des filles et des garçons ayant à peine un peu plus de 5 ou 6 ans qu’on a trouvé assassinés et jetés dans la nature. Dans la majorité des cas, ces enfants ont été abusés sexuellement. Les faits sont là, les victimes aussi et pourtant dans ce pays ou la loi de l’ormeta règne partout on ne parle jamais du problème de la pédophilie. Si les medias en parle ce n’est que pour user de toutes formes d’euphémisme exagéré. Regardez comment le sujet est traité en Europe par exemple. Les medias en parlent pour mobiliser toute la société contre ce phénomène. Ici, on en fait un simple fait divers. Si on entend parler de ce genre d’affaire c’est tout simplement parce qu’il y a eu meurtre ou tentative de meurtre par la suite, sinon on n’en saurait rien ou presque sur les autres affaires où il est question d’abus sexuel sur des enfants mineurs par des dérangés mentaux. Ce genre de crimes abominables est appelé un meurtre, un assassinat, un massacre mais jamais au grand jamais on n’ose prononcer le mot pédophilie. Certes c’est un tabou, un sujet délicat mais nom de dieu se sont nos enfants qui se font violer et massacrer et on fait passer cela comme un simple crime. Je ne dis pas que les autres crimes et les autres meurtres ne sont pas graves ou qu’il ne faut pas les prendre au sérieux mais là on est devant quelque chose de plus odieux. Les medias tunisiens essayent de faire passer ce genre d’histoires comme s’il s’agissait d’une exception, un fait insolite alors qu’en réalité le phénomène est beaucoup plus grave que cela. Les criminels de ce type continuent à circuler librement dans nos rues guettant la première opportunité qui se présente. S’ils ne sont pas dénoncés, désavoués et « harcelés » ces gens continueront à nuire imperturbablement. Il faut agir avec sévérité pour donner l’exemple et inciter le violeur et le pédophile à penser dix fois sur les conséquences de son acte avant d’agir. Peut être que cela freinera les dégâts.
Publié par Takkou à 11:09
Hommage à C...
Libellés : Société 7 commentairesLe pédé, le vrai l’authentique et non la tarlouze de circonstance qui se prête à un jeu de société pour mieux s’intégrer dans la « jet set », est celui qui n’a pas froid aux yeux lorsqu’il est appelé en cause. Ce n’est pas seulement celui qui s’assume en tant que tel et qui a les arguments nécessaires pour défendre sa cause. Non, le vrai pédé est plus fort que cela. Le pédé, l’authentique, a la capacité de te bousculer et de te faite douter en tes certitudes. C’est celui qui est capable d’afficher une effronterie farouche pour défier les regards et les commérages. C’est celui qui en public est capable de te faire vaciller. Te pousser jusqu’à tes derniers retranchements, te faisant comprendre que c’est toi l’anormale, l’exception, le porteur d’une anomalie ou d’une tare… C’est celui qui te fera rougir de honte, qui te feras sentir coupable alors que tu as toujours eu une intime conviction que tu étais un individu « normal », conforme aux normes ancestrales imposées par la société et que tu ne souffres d’aucun vice de fabrication. C’est ça le vrai pédé. Ce n’est pas celui qui croit que l’homosexualité est un passage obligatoire vers le « hall of fame ». Ce « pédé », bien que j’en ne ferais pas un intime, quelqu’un avec qui je passerais des moments de ma journée, je lui exprime toute mon estime.
Publié par Takkou à 12:33
La y7arrem Oureth
Libellés : Fiction 5 commentairesSidi Cheikh Hamed Ben Ennafaa Allah était un grand notable. Il a travaillé comme grand Qadhi avant même que le pays n’accède à l’indépendance. Il a amassé une fortune considérable. Il s’est marié avec une fille d’une famille de la vielle bourgeoisie tunisoise : Lella Jneina. De ce mariage naquirent 8 garçons et 7 filles. Tous furent bien élevés, reçurent la meilleure éducation possible et fréquentèrent les meilleures écoles tunisiennes et étrangères. Les fils et filles de Sidi Cheikh Hamed devinrent des personnalités respectables. Il y en a parmi eux des médecins, des avocats, des professeurs universitaires, des hommes d’affaires prospères… Bref ils ont tous, filles et garçons, une situation aisée et tous se marièrent avec des fils et des filles de bonnes familles. Les enfants de Sidi Cheikh Hamed vécurent et grandirent tous dans une grande maison arabe dans un vieux quartier de la Médina. Sidi Cheikh Hamed a instauré une règle simple mais inviolable : toute la famille doit être unie et solidaire. Ils mangeaient tous ensemble, jouaient ensemble, sortaient ensemble, étudiaient ensemble… Pour résumer tout cela on peut dire qu’ils formaient une vraie tribu. Les voisins enviaient cette ambiance joviale et plein de complicité qui régnait dans la maison de Sidi Cheikh Hamed. Même lorsqu’ils grandirent, se marièrent et s’installèrent dans leurs propres maisons, les enfants de Sidi Cheikh Hamed continuèrent à passer tous les jours déjeuner et dîner chez leurs parents. C’était un rituel immanquable. Les petits enfants de Sidi Cheikh Hamed aimaient se réunir dans le patio de la maison de leurs grands parents. Il y avait une ambiance de joie et de félicité qu’ils ne pouvaient sentir ailleur. Tous les enfants et petits enfants de Sidi Cheikh Hamed profitaient des largesses de ce dernier qui parfois devait le faire loin des regards fulminants de sa femme qui lui reprochait souvent sa générosité démesurée envers ses enfants et ses petits enfants. Les fêtes chez les Ben Ennafaa Allah étaient des moments de profonde gaieté, d’extase et de délires intenses. Lorsque il y a un mariage dans la maison de Sidi Cheikh Hamed, les voisins passaient des semaines à commenter avec envie les histoires de cette famille pas comme les autres. A part le faste et la splendeur avec lesquels la famille Ben Ennafaa Allah organisait leurs fêtes, les filles et les garçons de Sidi Cheikh Hamed savaient tout faire : danser, chanter, jouer divers instruments de musique… Ils animaient leurs soirées et leurs fêtes seules… Ils étaient autosuffisants en tout. Ils n’avaient presque besoin de personne. Ils étaient tellement extraordinaires que tout un chacun nourrissaient un désir fort de faire partie de cette famille extravagante. Le bonheur était le mot le plus approprie pour décrire cette famille. Tout baignait dans la joie et personne ne pouvait imaginer ou soupçonner qu’un jour viendra et que tout ce bonheur devrait se fracasser contre le mur du temps. Ce jour là arrivât ou le patriarche, suite à une longue maladie, succomba. Ce jour là fut un vrai tremblement de terre. La mort du père semblât avoir mis fin à la force centrifugeuse qui faisaient que tout le monde gravitait autour de cet astre. Les masques tombèrent et les langues se délièrent. Chacun et chacune des fils et des filles de Sidi Cheikh Hamed montrât son vrai visage. On ne sait pas quel mauvais sort, quel sortilège, quelle énigme a transformé cette famille du fond en comble. Le corps du défunt était encore chaud lorsque les enfants de ce qui fut Sidi Cheikh Hamed évoquèrent la question de l’héritage. Là ce fut la surprise générale. L’un des beaux-frères, étrangement immiscé dans la discussion, opina qu’il serait plus équitable qu’à sa femme revienne une part égale à celle du frère, alors que le frère aîné, diplômé d’une grande université américaine (Docteur ès Droit, s’il vous plait) et marié à une suédoise, trouva pour la première fois de sa vie, lui que s’est souvent opposé à son feu père sur des question ayant rapport avec la religion, que le partage selon la charia était quelque chose de raisonnable et judicieux. La mère quant à elle, cachant mal son favoritisme, était résolument convaincue qu’il serait plus équitable que le plus petit de ses fils, qui est à son avis moins fortuné que les autres, obtienne un peu plus et que la maison paternelle lui revienne. Le débat se chauffa, les mots devinrent plus acerbes, plus envenimés. Garçons et filles oublièrent que le cadavre du patriarche gisait encore à deux pas d’eux. Bizarrement, le temps n’était pas à la tristesse ni au pleur du regretté père. Non. Tout le monde avait le cerveau et les yeux rivés vers la calculette. Chacun estimait ce qui lui revenait. L’union, la solidarité, la complicité… qui faisaient la fierté de cette famille ont volé soudainement en éclats. Ils se sont disputés, querellés, traînés en justice, détestés et haïs au point de ne plus vouloir se revoir… Tout cela et plus a condamné une famille que l’on croyait soudée à jamais à l’éparpillement et la séparation. Aujourd’hui la maison de Sidi Cheikh Hamed Ben Ennafaa Allah est devenue une ruine. Elle sert comme une « oukala » ou se réfugient des familles pauvres et misérables venues d’on ne sait ou.
Publié par Takkou à 12:07
Jugurtha ou Coeur de lion
Libellés : politique 4 commentaires La semaine dernière plusieurs bloggueurs tunisiens ont manifesté d’une manière ou d’une autre leur hommage au grand lider tunisien Habib Bourguiba. Les journaux et autres revues et magazines ont fait de même. Au cour de la même semaine j’ai suivi fortuitement mais avec un grand intérêt un long documentaire (en six parties) diffusé par la chaîne Al Arabiya. La partie diffusée le lundi dernier il me semble, s’est focalisée sur une période assez significative, très délicate et très sensible de l’histoire contemporaine tunisienne je pense. Ce sont les incidents de décembre 1983-janvier 1984 qui furent analysés. Cela a éveillé en moi des souvenirs douloureux. Même si je n’étais qu’un petit adolescent à cette époque là, je me rappelle très bien de cette période qui m’a marqué à vie puisque j’y ai perdu un de mes amis d’enfance qui n’avait que 14 ans et qui par bêtise s’est éteint sous les balles des forces de l’ordre. Je me rappelle très bien de la rage et de l’hystérie qui se lisaient facilement dans le visage des gens qui étaient dehors et qui manifestaient leur mécontentement. Pendant toute la journée, les gens se rassemblaient dans « le centre ville » du Kram et guettaient les mouvements des forces de l’ordre qui tant qu’ils étaient peu n’osaient jamais s’aventurer et s’approcher des mutins. Mais une fois les renforts arrivés sur place la situation devenait semblable presque à un jeu du chat et de la souris. Si les adultes se pressaient pour se réfugier, nous les « gosses » nous continuions à narguer les Bop, ninjas et autres brigades spéciales. Jamais au grand jamais nous pensâmes que les forces de l’ordre allaient tirer pour de vrai jusqu’au moment ou nous vîmes l’un de nos camarades tomber inerte par terre et d’autres (trois au juste qui sont encore en vie en ce moment et dont l’un deux est devenu membre de la garde nationale !!!) se faire blessés sérieusement.
Je raconte tout cela pour dire qu’il est peut être indiscutable que Bourguiba ait été un grand politicien, un grand chef d’état, un grand visionnaire… mais qu’il a été aussi un grand dictateur, illuminé ou pas ça ne change pas grande chose. Manipulé ou pas, Bourguiba a donné l’ordre pour que l’on arrête les émeutes par tous les moyens. Ces instructions ont été peut être mal interprétées mais il n’empêche qu’il y a eu des morts et cela dans le jargon juridique s’appelle un crime. Les gens ont parle d’un « jeudi noir » et je ne pense pas que l’expression soit exagérée. Cet épisode (et celui qui l’a précède d’ailleurs, janvier 1978) restera à jamais comme une tache noir dans l’histoire de la Tunisie bien que les gens ont tendance à l’oublier. Je n’invite pas à ce que l’on fasse le procès de Bourguiba mais il m’a semblé faire preuve de naïveté évoquer le souvenir de Bourguiba sans se référer aux erreurs graves qu’il a commises. Ceci dit, Bourguiba restera l’un des rares politiciens à avoir un charisme capable de renverser des situations insoutenables. Il a suffit à ce dernier un bref discours où, malgré ses 80 ans et son état de santé plus que fébrile, pour montrer toute a verve et surtout sa capacité de retourner la situation en sa faveur. J’ai toujours la cher de poule en me rappelant les milliers de gens et l’immense foule qui a paradé le long de l’avenue principale qui mène de la Goulette jusqu’au palais de Carthage pour acclamer le père de la nation et lui manifester son amour. Je ne crois pas avoir revécu une expérience pareille. C’était un moment unique. Un épisode qui semblait suspendu dans l’histoire.
Publié par Takkou à 12:30
Le plaisir est-il Bleu ?
Libellés : Société 6 commentaires Le journal “Achourouk”, dans son édition du 06/04/2007, s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles le « Viagra », cette fameuse pilule bleu aux effets curatifs prodigieux, n’est disponible en Tunisie que sur le marché parallèle. Selon une enquête, citée par le même journal, mais sans jamais mentionner par qui ni quand cette dernière a été faite, ils seraient entre 30 et 40 % les hommes tunisiens qui souffriraient de troubles sexuels de différente gravité, allant de la simple panne temporaire à l’impuissance totale et définitive. Cette situation serait à l’origine du ¼ des cas de divorces enregistrés en Tunisie. Des explications d’ordre psychiques et autres liées aux régimes alimentaires ont été avancés comme causes principales de ces troubles sexuels. Cependant en aucun cas on a mentionné que les femmes seraient elles aussi derrière cette « tragédie mâlienne » (par référence au mâle et non au Mali). Je m’explique. Les femmes d’aujourd’hui, une bonne partie et non toutes heureusement, sont devenues conscientes du pouvoir qu’elles ont sur les hommes dans la vie comme dans le lit. Elles ont leurs propres exigences économiques, sociales, culturelles et sexuelles aussi.
Le tunisien, et l’homo sapiens en général, pas encore adapté à cette relativement nouvelle situation où sa supposée domination qu’il a longtemps exercé est rudement mise en cause, commence à émettre des signes de détresse. La « supériorité », qui représentait la totalité du capital confiance en soi de l’Homme est de plus en plus contestée par la Femme moderne. Cette dernière se montre plus entreprenante et affiche souvent sa capacité de prendre son destin entre les mains pour s’imposer comme maître à bord elle aussi.
Cette nouvelle donne semble avoir bousculer et déséquilibrer le « mâle » qui entre temps ne sait plus qu’elle voix entendre : celle de l’instinct ou celle du nouveau mode de vie (the moderne way of life). C’est la panique à bord.
A ce propos, j’ai une anecdote à vous raconter et que je trouve assez illustrative de la situation. Un ami à moi, un ingénieur en télécommunication, est venu me voir pour me demander si j’étais toujours en contact avec un autre ami qui est steward. J’ai répondu que oui. C’est alors qu’il m’a tendu un certificat médical et un billet de 100 euros. J’ai cru que c’était pour un médicament introuvable en Tunisie. Mais mon ami m’a dit que c’est une ordonnance pour pouvoir acheter du « Viagra ». J’avoue qu’en entendant ce mot je suis resté stupéfait. Je connais mon ami assez bien et je lui est demandé qu’elle était le problème. Il m’a très vite rassuré pou me dire que ce n’était pas pour lui. Alors j’ai pensé que c’était pour son père et j’allais en rigoler. Et là non plus ce n’était pas la bonne réponse. Le « viagra » était destiné à un collègue à lui, un autre ingénieur qui a à peine 30 ans, marie depuis 6 mois avec une vraie bombe sexuelle et qui n’a pas encore eu de relations avec sa femme. J’ai demandé c’est quoi cette histoire à dormir debout. Mon ami m’a explique que son copain était littéralement pris de panique de ne pas pouvoir se montrer à la hauteur des attentes de sa chère dulcinée. Il a tout essayé. Bouffes aphrodisiaques, boissons alcooliques, psychiatre, films pornographiques… Rien. Rien n’a fonctionné. Le blocage était toujours là. C’est alors qu’on lui a conseillé d’essayer le « Viagra ». On remettant l’ordonnance et l’argent à mon ami le Steward ce dernier m’a surpris en m’informant que le cas de ce jeune ingénieur n’est pas une exception. Mon ami le steward et des collègues à lui ont souvent été sollicités pour rendre ce genre de service à des hommes jeunes, ayant un niveau universitaire et travaillant dans des secteurs respectables : Médecins, avocats, professeurs universitaires, architectes, fonctionnaires…
Cet « aveu » m’a complètement abasourdi. Je ne croyais pas que le problème était de cette ampleur.
Publié par Takkou à 14:22
Plus jamais ça
Libellés : Société 1 commentairesPour emprunter le sens du fameux proverbe, je dirais que l’habit ne fait pas la « crapule ». Les bons et les mauvais, bien que je n’aime pas ce critère réducteur, simpliste et insultant à l’intelligence humaine, n’ont ni visage ni adresse. J’insiste à signaler qu’on disant cela je n’ai pas l’intention de cautionner quoi que se soit ni l’envie de défendre qui que se soit. Lorsque vous ouvrez votre journal et que la première information sur laquelle tombent vos yeux vous annonce qu’un attentat terroriste a fait 23 morts et 162 blessés en Algérie et que des dizaines de kamikazes circulent dans les rues du Maroc quelle pensée ou réaction pouvez vous avoir ? Franchement, et bien que vous soyez profondément attaché aux droits de l’homme et à toutes les libertés possibles et imaginables, comment voulez vous reprocher aux autorités des pays maghrebins leurs abus dans la répression des islamistes ? Quel argument pouvez vous faire valoir pour dire aux responsables de la sécurité de ces pays qu’ils exagèrent avec leurs mesures préventives à la con ? J’avoue que j’ai l’impression d’être devant un vrai dilemme. D’une part, j’ai une peine profonde pour ces jeunes et moins jeunes qui se font torturés et spoliés de tout droit et de toute forme d’humanité, et d’autre part, je crains pour ma famille, mes amis et même pour les millions de gens innocents qui un jour ou un autre peuvent se trouver victime d’un illuminé qui se croit le Messie attendu. Que faut il faire ? Fermer les yeux ? Faire comme si rien de tout cela n’est arrivé ? Si n’importe quel citoyen peut devenir un kamikaze potentiel comment faire pour empêcher cette horreur ? Faut il passer sous silence les dérives des policiers par ce que c’est le seul moyen de garantir notre sécurité ? Vous conviendrez avec moi pour dire que la situation est grave. J’ai envie de dire calmons nous. Ne paniquons pas. Mais là il ne s’agir plus d’actes de sabotage. Ce sont des vies humaines qui s’en vont bêtement. Nous devons réagir. Nous avons l’obligation de réagir. Mais que pouvons nous faire ? Comment faire pour être juste et assister les forces de l’ordre pour qu’elle ne vont pas au delà de la mission qui leur est assignée.
Publié par Takkou à 10:31
Un monde sans frontières
Libellés : Errances 4 commentairesA défaut d’être un globe-trotter, non seulement pour des raisons d’argent mais aussi pour des raisons de temps, je me suis converti en blog-trotter. C’est une façon plus intime et surtout plus commode pour faire des découvertes à son rythme et à sa guise. Comme premiers voyages cybernétiques j’ai décidé de ne pas trop m’éloigner. J’ai commencé à rendre des visites de courtoisie aux blogs de nos amis marocains et algériens (pas aussi nombreux les deuxièmes, il faut dire). Puis ce fut au tour des égyptiens et des libanais que j’ai eu le plaisir de découvrir grâce à des posts rédigés par des bloggueurs tunisiens (merci zizou from Djerba, entre autres). En lisant ce qu’écrivent ces bloggueurs et à travers les photos et reportages qu’ils publient j’ai eu la chance de découvrir des aspects non soupçonnés des pays d’origines de ces derniers (ahlou makkatou adra bi chi3abiha, dirait le célèbre proverbe). Apres je me suis dit que j’ai étudié et je parle l’espagnol, l’anglais et l’italien. Alors j’ai commencé à visiter les blogs des pays parlant ces langues. Au début c’était divertissant. Je m’amusais à laisser un petit commentaire par ci une vanne par là. Et puis je me suis rendu compte que les bloggueurs, qu’ils soient tunisiens, magrébins, africains, arabes, latino-américains, européens ou autres, en fin de compte, ils ont tous les mêmes soucies, la même hantise. Les questions qu’ils se posent sont identiques. C’est vrai que la perception peut changer, mais tous abordent les mêmes sujets avec les mêmes interrogations. L’amour, l’amitié, le sexe, la religion, la politique, la mort, la famille… sont les thèmes qui reviennent assez souvent et que les bloggueurs arabophones, francophones, anglophones et même les bloggueurs lusophones, germanophones…, je suppose même si je n’ai pas eu la chance de comprendre entièrement ce qu’ils disent, abordent systématiquement au moins une fois dans leurs écrits. Ce qui fait que la conclusion à laquelle on peut arrivé à la fin c’est qu’on a beau être blanc, noir, arabe ou autre, nos interrogations sont les mêmes. Nous partageons les mêmes inquiétudes et nous nous réjouissons des mêmes bonheurs. Les frontières géographiques, culturelles, identitaires, psychologiques et autres… qui nous séparent deviennent invraisemblablement artificielles. Alors, arrivé à ce point il devient légitime qu’une question se pose, ou plutôt s’impose : Si c’est vrai que les hommes et les femmes éparpillés dans les quatre coins du monde partagent les mêmes sentiments, les mêmes inquiétudes et les mêmes ambitions… alors pourquoi cet abîme, ce gouffre qui fait que lorsqu’on regarde ou en sont les relations entre les différentes nations on a l’impression que c’est la cacophonie ? Pourquoi ceux qui se prennent pour nos porte-paroles s’évertuent à montrer qu’on est différent alors que la réalité les contredit ? Il est indéniable qu’à travers la télévision les choses semblent moins évidentes. Il y a des peuples plus « développés » que les autres. Ils y a des nations qui disposent de moyens que beaucoup d’autres non pas. Mais, humainement parlant, nous parlons le même langage même si nous ne parlons pas forcément la même langue. Alors ce monde qu’on ne cesse de nous présenté comme un future « village » ne risque-t-il pas de le devenir réellement si d’avantage de personnes se mettent à lire les bloggueurs ou autres cyberacteurs qui eux parlent sincèrement de leur vie et de leur pays et ne se préoccupent point de la version officielle que veulent imposer les institutions officielles de leurs « patries » ? Peut être que là résident les solutions anti Schengen et la réponse aux autres formes de protectionnisme suscités par la peur et l’ignorance de l’autre.
Publié par Takkou à 21:53
La semaine dernière nous avons eu parmi nous un invité de marque : Mohamed Arkoun. Je ne vais pas faire le prétentieux et vous demander si vous connaissez de qui je parle. Je doute qu’il y est quelqu’un dans cette blogosphere qui n’ait pas lu au moins une fois un ouvrage ou un article signé par ce brillant érudit. Si j’ai voulu parler de Mohamed Arkoun c’est simplement pour dire l’admiration que je voue pour cet intellectuel hors classe. Mohamed Arkoun est peut être le plus grand islamologue contemporain. Tout au long de sa carrière professionnelle, en tant que professeur d’histoire de la pensée islamique (à l’université de la Sorbonne s’il vous plait), Arkoun a commis plusieurs essais qui forment sa riche bibliographie. A travers ses écrits Arkoun a articulé un discours qui tourne autour d’une idée simple mais redoutable par sa franchise, sa clairvoyance et son audace. Pour Mohamed Arkoun, l’Islam dans ses premières années de diffusion a été une véritable machine d’intégration et de brassage de cultures et ce en se basant sur un triptyque parfaitement équilibré et savamment dosé : une interaction entre le discours religieux, le discours politique et le discours philosophique. Son expansion se faisait sans heurts ni secousses jusqu’au jour ou on a décidé de sacrifier le discours philosophique au profit d’un discours exclusivement religieux et politique. A partir de cette date là, l’Islam a amorcé sa chute vers les abîmes. Sa capacité à se moderniser, à se renouveler et à s’adapter aux nouveautés a été sérieusement ébranlée. Les quelques tentatives, comme celles d’Ibn Sina (Avicenne) ou Ibn Rochd (Averroès), pour extirper l’Islam et les musulmans de l’isolement intellectuel et de renouer les liens avec la philosophie et l’esprit critique n’ont pu aboutir. L’islam se trouva entraîné dans une spirale qui le pousse à se renfermer sur lui même, à devenir imperméable aux nouvelles idées et surtout aux nouvelles pensées. Cette religion qui au départ avait tous les atouts pour atteindre l’universalité absolue, s’est trouvée soudainement prisonnière de son sectarisme. Le fondamentalisme et le fanatisme trouvant le champ libre ont fait le reste. Aujourd’hui si l’Islam veut vraiment récupérer son aura d’antan il faut qu’il se réconcilie de manière urgente avec le discours philosophique. C’est sa seule et unique chance et surtout notre seule chance de nous débarrasser de cette image négative qui nous colle à la peau.
Publié par Takkou à 16:21
Ça n'arrive pas qu'aux autres
Libellés : Société 7 commentaires Suite à mon post sur le harcèlement sexuel dans les moyens de transports en commun, j’ai eu le privilège de recevoir un témoignage qui, à mon avis, ne peut pas laisser insensible ou indifférent. J’ai estimé qu’il serait dommage que ce témoignage passe inaperçu en restant « relégué » dans l’arrière boutique de mon blog (espace commentaires). Donc j’ai décidé de suspendre temporairement le caractère personnel de ce blog et de le rendre un espace public le temps que cela prendra afin de permettre à ce témoignage vrai et sincère d’avoir l’impact et la diffusion qu’il mérite en le publiant dans la page d’accueil. J’espère que ce dernier suscitera un débat constructif et permettra à son auteur de recevoir des manifestations de solidarité. Avant toute chose, je voudrais préciser que l’histoire de la fille abusée par un quinquagénaire dans le TGM que j’ai raconté dans mon précedent post n’est pas une fiction. Il est vrai que j’ai agrémenté le récit avec quelques éléments fictifs, mais l’incident à bel et bien eu tel que je l’ai relaté. Je voudrais aussi exprimer à l’auteur de ce témoignage toute ma solidarité et de trouver ci présent l’expression de ma gratitude pour m’avoir autorisé à publier son texte. Voila, je ne vais pas traîner encore plus et je vous laisse lire le témoignage : Je (…) vais intervenir anonymement car je vais témoigner en tant que victime de ce genre de comportements révoltants et inexcusables. L’histoire m'a "dérangée" parce qu’elle m'a rappelé non une mais DES expériences semblables que j'ai subies !
La première fois, j’avais onze ou douze ans et je me rappelle très bien, j’étais avec ma sœur, à l’entrée du Ciné Jemil pour voir « 3asfour issta7 ». Il y avait grande foule et on était tous serrés les uns contre les autres. Un certain moment, j’ai senti derrière moi un contact bizarre, j’ai mis cela, au début, sur le compte de la bousculade et de la grande proximité qu’il y avait entre les uns et les autres, mais le geste a commencé à se préciser pour devenir insistant, je me suis retourné, et j’ai trouvé, moi aussi, un homme d’un certain âge… que faire ? J’ai essayé tant bien que mal, incrédule encore, de me pousser, d’échapper, impossible ! J’ai commencé à angoisser, à avoir des sueurs froides, je me suis retournée plusieurs fois le fusillant du regard pour qu’il arrête !! Il le faisait pendant quelques secondes ensuite il retournait à la charge !! Et le pire !! Le pire de tout !! C’est qu’il t’est impossible de dire un mot ! J’étais paralysée !vous n’imaginer pas combien il est difficile pour un enfant de s’adresser à un homme si âgé, si grand, si impressionnant, pour l’accuser d’une voix frêle et lui demander d’arrêter ! La honte !! Devant tout le monde en plus et un sujet si tabou !!! C’est en étant plus âgée et avec du recul que j’ai pu analyser ma situation mais à ce moment là vous savez quel sentiment m’accablait, à part la colère et le désarroi? La culpabilité ! J’étais victime et je me sentais fautive !! Mais heureusement, j’ai été sauvée par ma sœur, âgée de quatre ans plus que moi, qui soudain s’est mise à crier « mais ça va pas non ? Enlève tes sales pattes !! » Elle ne le disait pas pour moi mais pour elle… car le sale pervers, rassuré par mon silence, a voulu s’essayer à ma sœur aussi !!! Ah oui !! Elle l’avait bien remis à sa place !! Ça c’était le premier sauvetage. Le deuxième c’est que voyant que ma sœur a vécu la même chose, j’ai été plus à l’aise pour en discuter avec elle ce qui était une sorte de thérapie qui m’a permis de surmonter cette mauvaise expérience !
Mais cette expérience m’a servie. Car quand cela s’est renouvelé, deux ou trois autres fois, dans le bus, (eh ! oui ! à croire que tous les tunisiens sont pervers) quand j’allais au lycée et ensuite à la fac, je peux vous dire qu’à la première seconde je leur explosais à la figure (n’marmid bih il 9a3) et c’est moi heureusement qui réussissait à les faire descendre du bus et non pas le contraire !!! Et contrairement à « l’histoire de la fille du récit », les gens me soutenaient ou se taisaient mais jamais ils n’ont remis en doute mes accusations. On va dire que j’ai eu de la chance !!! ;) Quelle chance hein !!
Voilà, (…) je voulais vraiment que les gens prennent conscience que « ce genre » d’histoire n’est pas une fiction et que c’est la pure réalité. D’ailleurs, je peux vous dire qu’il n’y a pas une fille qui n’a pas subi cela (à différentes échelles) au moins une fois dans sa vie !!!
Donc les filles n’ayez pas honte et réagissez !!
Publié par Takkou à 11:16
Il y a des aberrations qui dépassent l’entendement humain. L’histoire, ou plutôt, la mésaventure, que je tiens à vous raconter aujourd’hui est de cette catégorie. L’héroïne, si on peut appeler la pauvre protagoniste de cette machination comme ça, est une fille que le sort a voulu qu’elle fasse ce jour l’une des expériences les plus mauvaises de sa vie. Nadia est une étudiante originaire d’une des villes côtières de la Tunisie. Je l’ai appelée Nadia, mais elle aurait pu s’appeler Samia, Fatma, Aicha ou que sais-je. Elle étudie la littérature française et comme la majorité de ses copains et copines elle a opté pour la colocation faute de place dans les foyers universitaires. Cette année là Nadia, avec deux autres étudiantes, a loué une petite maison près de la plage dans l’une des banlieues nord de Tunis.
Ce matin d’un pluvieux jour de février, Nadia se réveilla à l’heure habituelle. Elle prit son petit déjeuner, s’habillât et se dirigeât à la station du train pour se rendre à la Faculté.
Le train reliant la Marsa à Tunis était plein à craquer. Nadia ne voulant pas arriver en retard montât contre vents et marées. L’odeur était limite nauséabonde. Les gens se bousculaient et la loi de la promiscuité imposait son emprise sur tout le monde. Pour meubler l’attente et oublier la longueur du trajet, Nadia se mit à rêver de son avenir. Elle était profondément plongée dans ses projets lorsqu’une sensation désagréable secoua son corps fragile. Elle sentit des mains baladeuses effleuraient des parties intimes de son corps. Nadia ne crut pas ses « seins » au début, mais les attouchements se sont fait de plus en plus insistants. Cherchant à comprendre ce que lui arrivait ses yeux se posèrent sur son voisin, un type, la cinquantaine bien dépassée, qui sans gêne ni égard pour son age, la regardait droit dans les yeux avec une insolence indicible. Dans son abominable regard il y avait comme un défit et un ordre silencieux lui intimant à ce qu’elle subisse sans mots dire. Nadia, dans un sursaut de détresse et animée par une volonté farouche de défendre sa dignité, ramassa tout son courage et repoussa avec véhémence son agresseur. Elle voulut lui crier toute la hargne qui convulse son corps mais elle se contenta de lui assener un « echib we el3ib ». C’est à ce moment la que le coup de théâtre se produit. Les autres voyageurs, tous sans exception, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, se retournèrent vers la jeune fille pour lui faire la morale. On l’a traité de mal élevée, d’animal, de P… respectueuse. Personne de sa famille n’a échappé aux insultes, ni ses parents ni ses grands parents. Nadia ne voulu pas croire ce que ses oreilles entendaient comme immensités. Elle, l’étudiante en littérature française qui côtoie Aragon, Baudelaire, Rimbaud…, se trouva soudain en décalage profond avec ses propres concitoyens. Elle voulut se défendre, expliquer les choses. Mais on ne lui a pas laissé la chance de le faire. On lui a confisqué la parole, lui niant tout droit de prononcer un mot. Tous la condamnèrent et la messe était dite. Nadia était dans un désarroi profond. Elle se sentit plus meurtrie et plus affectée par les propos et la réaction des autres voyageurs que par les sévices de son agresseurs. Elle descendit du train ne sachant que faire ni quoi penser. Cette journée la marquera à vie elle restera à jamais gravée dans sa conscience.
Publié par Takkou à 09:57
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