Ne s’improvise pas masochiste qui le veut

Les suisses ne veulent plus de minarets chez eux. Et alors? Ou est le problème? Nulle part, si on part du principe que chaque peuple est souverain et libre de ses choix. Sauf que pour l’exprimer, les suisses ont senti un besoin pressant de le dire haut et fort. Ils l’ont affirmé au monde entier de la manière la plus claire et explicite possible.

Cette volonté aurait pu passer inaperçue si elle n’était pas tombée dans le domaine politique. Et quand on se meut dans les marécages de la politique on doit savoir à quoi s’attendre par la suite. Pour exprimer ce refus les suisse ont eu besoin de le faire à travers d’un referendum, rendant ainsi l’affaire une question d’Etat. Du coup, c’est un tout un tapage médiatique que la question a soulevé et continue à le faire. Et ce aussi bien à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières du pays de la vache qui rit.

On disait donc que les suisses sont souverains pour prendre toutes les décisions qu’ils estiment bonnes pour leur pays (tout comme la Suisse de l’Afrique d’ailleurs). Sauf que voila, en essayant de justifier la décision d’interdiction de minarets, une bonne majorité des suisses a cru bon de signaler qu’entre autres considérations qui les ont incité à voter contre la présence de formes phalloïdes chez eux c’est l’absence de réciprocité dans les pays musulmans.

Cet argument m’a interpelé par son incongruité. Il trahit une ignorance grotesque que les suisses, en particulier, et les occidentaux, en générale, ont à propos des pays musulmans. Sans entrer dans des détails que je ne saurais prouver par des exemples concrets, je voudrais signaler que, jusqu’à preuve du contraire, les pays musulmans sont dans leur majorité écrasante des pays exportateurs et non importateur d’émigration. Si dans le monde arabe et musulman le besoin de construire des églises ne s’est pas fait sentir ce n’est pas (seulement) à cause d’une réticence ou une négation de construire des temples autres que musulmans, mais tout simplement parce que ces pays n’ont pas encore connu un exode de population de confession chrétienne à l’image de ce qui se passe dans les pays européens qui eux reçoivent quotidiennement des milliers de personne de confession musulmane et autres et qui expriment le besoin d’ériger des temples ou ils peuvent se recueillir et exercer leur foi.

Par ailleurs, cette affaire, en l’élevant au statut de referendum, et donc engageant la volonté d’une nation entière, risque de se convertir en un accident qui sentira le souffre incessamment. La Suisse, on le sait déjà, n’est pas à sa première bourde politique. Récemment, le pays helvétique a du se faire humilier au point de baisser le pantalon pour remédier à une affaire de justice anodine qui aurait du rester dans le giron des tribunaux. L’affaire en question, qui est devenu un fait d’Etat uniquement à cause de l’implication de l’un des fils de Kadhafi, avait toute les chances de se dénouer sans causer des vagues. Mais c’était sans compter sur la volonté de certains cercles de politiser l’affaire. Le résultat, on le sait bien. Au lieu de se concentrer sur la légitimité de la position de la justice helvétique, c’est un bras de fer contre Kadhafi que la Suisse a préféré s’offrir. Résultat : Berne a du se résigner à présenter des excuses officielles.

Cette fois-ci avec l’affaire des minarets, la Suisse n’aura pas à faire uniquement à un bouffon farfelu de la trempe de Kadhafi. Les suisses, consciemment ou non, ont opté pour se mettre sur le dos deux forces aussi redoutables l’une que l’autre : des populations musulmanes, excessivement stigmatisées et excédées, et des magnats et des mandataires de fonds souverains qui, pour enseigner aux populistes suisses qu’il existe plus populistes qu’eux, vont se faire concurrence pour savoir qui infligera l’humiliation la plus avilissante à ces écervelés d’helvètes.

Le tragique dans tout cela c’est que ceux qui vont payer les pots cassés ça sera les membres de la communauté musulmane en terre suisse qui, paradoxalement, se croyait en terre neutre.

3 commentaires:

Djam2305 a dit…

Je me suis moi-même emmêlée les pinceaux avec le piège de la réciprocité et ai été rectifiée et c'est tant mieux. En fait, le manque de réciprocité de l'esprit laïc ne concerne pas les communautés religieuses minoritaires dans les pays musulmans mais bien les personnes sensées être musulmanes parce qu'arabo-berbères et qui ne le sont pas mais obligées de pratiquer parce que la loi ou la pression sociale l'imposent.

http://madpuzzle.canalblog.com/archives/2009/11/30/15975737.html

Anonyme a dit…

Je pense que les Suisses vont payer très cher ce vote.. en tout cas, une plainte a été déposée au tribunal européen compétent. malgrès que la Suisse ne fait pas officiellement partie de l'UE, elle va devoir faire marche arrière et annuler le vote qui serait non compatible avec les textes signés et les engagements pris avec l'UE..
On verra..

black panthers a dit…

ceux qui ont demandé ce réferendum ce sont des glands d'un groupe politique qui veut se faire une place . Même marine le pen profite de la vague pour surfer elle-aussi et récupérer quelques voix piquer par sarkozy .C'est du cinéma tout ça, ils s'en foutent des minarets, il y en a quatre en suisse et peut-être une vingtaine en france complètement inutile puisque n'émettant aucun son d'appel à la prière .C'est juste pour faire beau et pour indiquer que c'est une mosquée.La majeure partie des gens prient dans des salles de prières que l'on n'identifie comme telle qu'en assistant à la fin du prêche du vendredi. Si tu n'es pas du coin , tu peux passer des heures à chercher une salle de prière si tu as envie d'accomplir ton devoir .
Il me semble que lorque les chrétiens(colons) étaient plus nombreux en terre musulmanne il n'avait pas que des salles de prières mais bel et bien des églises avec clocher et tout ce qui s'ensuit .D'ailleurs elles sont abandonnées faute de fidèles .