Game over


Il ne se passe presque pas un jour sans que les journaux locaux ne publient sur leurs pages nécrologiques des encarts annonçant le décès d’un jeune ayant à peine la vingtaine. Le jet d’un regard, si furtif que cela puisse l’être, sur les colonnes macabres des publications locales ne peut laisser insensible même si le défunt nous est complètement anonyme et qu’on ne partage avec ce dernier ni des liens familiaux ni des liens spatiaux. L’on ne peut s’empêcher, non plus, d’avoir une pensée pleine de tristesse et de compassion envers les parents du jeune disparu, eux qui ressentent ce deuil dans leur chair et leur âme et dont le fardeau de leur chagrin n’a de pareil que le poids des espoirs et des attentes fondés sur cet être cher qui après la mort se trouve réduit à une masse cadavérique où rien ne résonne, même pas le silence.

Même si dans l’imaginaire collectif on admet qu’aussi multiple que puissent être ses raisons, la mort est toujours une et unique, il est évident que la première cause de ces décès tragiques sont les accidents de la route. Combien de jeunes ont vu leur vie fauchée avant même de l’avoir commencé ? Combien de parents endeuillés ont eu à subir le douloureux drame de voir partir avant eux et à jamais la pupille de leurs yeux ? Combien sont-elles ces mères inconsolables et ces pères anéantis, annihilés, contraints à vivre le restant de leur vie à se souhaiter la mort afin de rejoindre leurs chers partis vers des « cieux meilleurs ».

La situation n’est pas gaie du tout. Mais toute cette rage, cette consternation, cette pensée pour l’autre, cette compassion… et tous les sentiments de sympathie possibles et imaginables, bizarrement ne se manifestent plus ou pas du tout lorsque tu croises sur ta route un de ces jeunes qui au volant de « sa » voiture se croit le plus fort, le plus puissant, l’immortel, l’intouchable… celui qui n’a de souciance ni pour sa vie ni pour celle des autres… celui qui se permet tout les excès et tous les dangers ne faisant guerre attention à son intégrité physique ni à celle de son proche. Que penser en face de ces inconscients qui pourtant sans être des abrutis, sans être des écervelés, se convertissent soudainement en un sérieux danger publique ? Je ne ferais pas l’hypocrite, mais j’avoue que j’ai souvent souhaité la mort à ces furies déchainées qui ne faisaient que semer la terreur et le désarroi dans leurs sillages, non pas parce que j’ai de la haine envers ces rejetons inconscients du tort qu’ils peuvent se faire et causer aux autres mais tout simplement parce que j’ai toujours pensé qu’il n’y a pas plus bête qu’une mort bête.

0 commentaires: