A LEGAL ALIEN



Il y a dix-sept ans de cela disparaissait l’une des figures intellectuelles et diplomatiques les plus émérites de l’histoire contemporaine de la Tunisie. A 51 ans à peine, s’en alla brutalement le plus englishman des tunisiens : Hammadi Essid. Personnalité emblématique, sa disparition fut une perte immense pour sa famille en particulier, et pour sa patrie et le monde arabe et musulman en général. Car avec lui, s’est enterré aussi un projet qui aurait pu, à défaut de résoudre définitivement le conflit israélo-palestinien, soulager au moins les souffrances du peuple palestinien, à savoir le dialogue entre juifs et arabes.

Hammadi Essid croyait dur comme fer que «l'échange des idées et la réflexion en commun étaient les moyens les plus efficaces pour parvenir à la solution des crises et des conflits». C’était pour lui plus qu’un credo : un mode de vie et de comportement qui lui a valu la considération et le respect de ses « ennemis » plus que ses supposés « amis » qui redoutaient ou plutôt lui reprochaient sa franchise et son franc parler.

Par sa finesse, sa verve et surtout sa grande culture, Hammadi Essid se trouva embarqué dans les années 80 dans des débats qui continuent à faire rage même aujourd’hui : Quelle est la place de l’Islam et du monde musulman dans la modernité et quelles sont les solutions pour réconcilier l’Islam avec l’occident ?

Ses réflexions et ses prises de position étaient d’une pertinence prodigieuse. Son charisme et sa force de conviction une évidence incontestable. Il avait le don de tenir les propos justes au moment adéquat. Il ne parlait pas pour parler. Dans les débats auxquels il participait, il ne cherchait pas à corriger ou à humilier le vis-à-vis. Soucieux toujours de dissiper les malentendus, il remettait, avec la lucidité et le talent qui le distinguaient, les choses dans leur cadre naturel ce qui avait pour effet de dérouter et séduire á la fois ses interlocuteurs. Même un certain Theo Klein, qui fut à un moment Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (avec tout ce que cela suppose) dira un jour de Hammadi Essid qu’il a été subjugué par son intelligence et sa capacité de discernement au point de prendre le risque de transformer le débat entre les deux hommes en un livre, « Deux vérités en face », qui, dans son audace, bousculait les crédos dominants à l’époque.

En outre de sa vocation comme diplomate chevronné, Hammadi Essid a été un écrivain, critique, cinéphile et cinéaste. On lui doit plusieurs courts métrages ainsi que la Cinémathèque Tunisienne dont il est le fondateur.

Son apport pour la diplomatie et pour la culture est inestimable. Fort malheureusement, feu Hammadi Essid est parti tôt. Trop top diraient même certains, laissant derrière lui un vide qui non seulement n’a pas été comblé mais a été usurpé par une horde de barbus enragés qui se sont autoproclamés les porte-paroles des arabes et des musulmans.

1 commentaires:

Pas a pas a dit…

Bonjour
Si vous avez un peu de temps rendez vous sur ce site, je vous invite
Amitiés
P.Hierard

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