Printemps tunisien


Habib Belaid anime, chaque mercredi après midi sur RTCI, une émission radiophonique qui est intéressante à plus d’un titre. A chaque fois, il invite une personnalité du monde culturel ou académique avec qui il s’entretient en directe pendant à peu près deux heures de temps. Ce qui est bien dans cette émission c’est que l’interview est très spontanée. Je pense que l’animateur ne prépare pas ses questions à l’avance ou du moins pas toutes. Ce qui fait que la discussion n’est pas soumise à une ligne de conduite élaborée préalablement et que les questions s’improvisent selon l’humeur du moment. Cette technique permet à l’invité d’avoir libre cours, précisément le titre de l’émission, et de dire ainsi ce qu’il pense sans être « téléguidé » par l’animateur.

L’invité de l’émission d’hier n’était autre que Noura Borsali, universitaire, intellectuelle, journaliste et militante, entre autre, des libertés et des droits de l’homme, ceux des femmes très particulièrement. Cette femme débordante d’énergie, « empêcheuse » de tourner en rond… était l’invitée de Habib pour commenter la parution de ces deux derniers ouvrages : « Livre d'entretiens avec Ahmed Ben Salah » et « Bourguiba à l'épreuve de la démocratie » (Samed Editions). Les initiés sauront sûrement qu’inviter une Noura Borsali, réputée ne pas avoir la langue dans la poche, est une prise de risque potentielle. Il suffit de lire les contributions de Noura dans les différents journaux et revues pour se rendre compte de son ton indépendant et de ses critiques extrêmement acerbes.

Bref, rien qu’à l’annonce du nom de l’invitée, je me suis dit qu’il allait y avoir de la cogne. Je me mets à l’aise devant ma radio pour bien écouter les échanges tout en me demandant comment fera Habib pour ne pas se trouver piège dans une situation délicate… Le ton est donné dés la troisième ou quatrième questions. Je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. Habib enchaînait les questions supposées ne pas être posées les unes derrières les autres. Il était fondamentalement question de politique dans une émission qui était supposée être littéraire ou culturelle. Je me demandais ce que lui arrivait pour insister ainsi sur des sujets que tout le monde sait qu’ils sont tabous surtout sur les ondes d’une radio nationale. Est-ce que c’était quelque chose de spontanée ou bien s’agissait-il d’une manœuvre habillement préparée ou bien encore d’une concession venue d’en haut? Habib savait-il qu’en posant ce genre de questions il s’exposait à s’attirer les foudres sur lui ? Bref, le moins que l’on puisse dire c’est que la situation n’était pas vraisemblablement habituelle.

Bizarrement autant les questions de Habib étaient percutantes, audacieuses et surprenantes, autant les réponses de l’invitée étaient évasives, superflues et limite décevantes. C’est à dire que jamais au grand jamais je n’ai eu la surprise d’entendre ce genre de discours révolutionnaire sur les ondes de cette chaîne qui a tout le temps traîner derrière elle le quolibet de station de radio docile.

Tout en écoutant l’émission, je me suis rappelé d’un post rédigé par notre illustre ami Azwaw. Quoi que sur un autre registre, je me disait que pire que la censure qui bâillonne nos intellectuels et nos penseurs c’est de l’autocensure, dont nous somme tous plus au moins prisonniers, qu’il faut se méfier le plus. Voila une occasion inespérée qui s’est présenté à l’une des oratrices les plus aptes à saisir sa chance en vol et cette dernière la laisse filer imperturbablement. C’est dommage, car on aurait peut être pu créer de cette brèche un antécédent pour pouvoir faire sauter les verrous et ouvrir les autres portes. Une autre fois peut être !!!

1 commentaires:

Aziz a dit…

cela n,aurait strictement rien changé ni éveillé quelquse esprit encore dans le noir ..

TOUT Le monde sait ce qu,il en est et cela ne sert à rien de le dénoncer quant tout un peuple et sa jeunesse n.agisse pas pour changer !!à quoi cela sert de gueuler les mêmes rengaines et critques si cela ne sensibilise pas nos compatriotes ?