Entre Chats et Chiens (Part II)

A quelques mètres de moi, une voiture se garait. Une femme en sortit. Surprise, déception, résignation ??? C’est F. Elle n’a que 33 ans mais paraissait en avoir dix ou quinze de plus. La silhouette d’athlète et le physique de mannequin ont laissé place à un corps flasque, avachi… Le maquillage masquait mal les cernes qui entourent ses yeux jadis plein de malice et de grâce. Je feins un sourire. Elle aussi je suppose. Apres une fausse accolade nous entrâmes dans un café qu’elle m’a indiqué d’un signe de sa tête. Le coin est sympathique. Un café dans le style bar américain, avec des sièges en cuir, des portraits d’acteurs, des objets de deco d’un certain goût… F a parlé pendant plus de deux heures d’elle, de son mari, de ses enfants (elle venait de mettre au monde un deuxième garçon), sa maison, sa famille, son travail, ses projets… Elle papotait et fumait une cigarette derrière l’autre. Ses mains tremblaient, cachant mal sa nervosité. Parfois elle avait du mal à allumer sa cigarette. Elle a essayait de justifier cela par le fait qu’elle ne fume pas à la maison et qu’elle en profitait pour prendre sa dose. Je l’écoutais parler et j’essayer d’éviter son regard. A l’intérieur de moi-même je me disais à quoi ça rime tout cela ? Les femmes ont cette fâcheuse tendance à verser dans les détails quand elles parlent, elles tirent les histoires en longueur et en largeur avec des descriptions interminables… chose que les hommes détestent le plus. Bref, je n’ai pas su où F voulait en venir. Puis elle me demanda ce que je suis devenu. J’ai répondu que j’ai gardé le même boulot, je suis marié et père d’une adorable fille et que je mène une vie tranquille et paisible. Du coup elle me demanda si j’étais heureux. Et là franchement je commençais à en avoir ras le bol. Je n’aime parlé de ma vie privée que lorsque j’ai envie de le faire et là franchement je ne sentais pas le besoin. Donc, j’étais un peu évasif dans ma réponse et ça se notait. Apres presque trois heures on s’est quittait et on s’est promit de nous revoir, avec nos conjoints et nos enfants pourquoi pas. Ouf, il était temps… Mission accomplie ? Pas si sûr… Pendant la semaine suivante je recevais quotidiennement des coups de téléphone de F. Toujours la même histoire : Mon mari, mes enfants, mon boulot, ma mère, ma belle mère… Au départ je me suis dit que cela est peut être du au coup du « blues », chose apparemment assez fréquente et classique chez les femmes après l’accouchement. Mais, connaissant suffisamment bien F, j’avais comme la certitude qu’elle me cachait quelque chose, qu’elle avait un problème et qu’elle ne savait pas comment l’aborder. J’ai décidé d’être directe et de lui demander d’arrêter de tourner autour du pot et de me dire ce qui n’allait pas. Au début elle essayât de nier et puis elle éclatât en sanglots. Elle me raconta que son mari la maltraitait et qu’il lui arrivait de la battre. J’écoutais ses doléances avec beaucoup de compassion parce que je savais qu’elle ne méritait pas un tel destin. C’est vrai qu’elle peut être un peu chiante, comme toutes les femmes en générale d’ailleurs (ayya hak 5amajyha tawa 3ad, therdit 3alil ya Takkou. Ye5i Fech 9am 3alaya n9ol fi hal klma. Mouch kan sakkart foummi 5irli), mais c’est une fille qui ne mérite pas un pareil châtiment. Je sais que s’il lui arrive de faire des bêtises c’est parce qu’elle pense vouloir faire du bien aux siens, exactement comme toutes les femmes (ya wildi sakket fomek ya5i ma tnejem t9ol ken el 5ayeb walla chbik). Puis elle me demanda quoi faire. Brusque et pragmatique que je suis (eh oui je ne sais pas aller par trente six chemins), je lui dis de demander le divorce. Elle me dit qu’elle ne pouvait pas le faire. J’ai demandé pourquoi. Elle me répondu qu’elle aimait son « bourreau ». Sa réponse ne m’a pas convaincu. J’aurais peut être gobé une réponse á la façon : je le fais pour mes enfants. Mais ce « je l’aime » je le trouvais creux, peu crédible, évasif… J’étais convaincu au fond de moi-même qu’étant elle-même une fille issue d’une famille monoparentale elle voulait à tout prix empêcher que l’histoire ne se répète. Si sa mère a divorcé d’avec son père, elle elle ne veut pas que cela se reproduise pour elle aussi. J’ai compris aussi que le salop de son mari est arrivé à la même conclusion que moi et que c’est pour cette raison qu’il abuse sachant que F n’oserait pas tenter quoi que ce soit. Plus de deux ans après F continue à vivre ( ???) avec son mari. Elle a fait le choix de sacrifier sa personne pour le bonheur de ses enfants. Je doute qu’elle ait fait le bon choix car les enfants ne sont pas dupes et ils auraient sûrement remarqué la tristesse de leur mère… (PS : désolé pour ceux qui s’attendaient à ce qu’il y ait du sexe dans l’histoire. Du sexe il aurait pu y avoir sauf qu’il y a trois facteurs qui se sont opposé. Primo, je ne suis pas un vautour. Les proies blessées n’ont jamais été ma tasse de thé. Secundo, pour qu’il y ait sexe il faut qu’il y ait consentement mutuel. Dans cette histoire le consentement était présent mais conditionné par la détresse de l’autre, donc pas question de se faire embarqué dans un drame. Et Tercio, je suis marié et je suis fidèle à ma femme, so don’t act)

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